Les symposiums > 6. Méthodes pédagogiques - Démarches d'enseignement

Symposium 6

 

Peut-on encore parler de méthodes pédagogiques ?

 

Coordonnateurs :

Richard ETIENNE (Professeur des universités, LIRDEF, Université Paul Valéry Montpellier 3)

Serge RAGANO (Maître de conférences, EFTS, Université de Toulouse - Jean Jaurès)

Laurent TALBOT (Maître de conférences, EFTS, Université de Toulouse - Jean Jaurès)

 

Une méthode pédagogique est un ensemble de moyens raisonnés pour arriver à un but. Elle constitue un système de principes rationnels et de règles générales pour atteindre une fin (odos : le chemin en grec). Une méthode pédagogique contient donc une cohérence entre les finalités de l’enseignement et les pratiques enseignantes. Elle précise la façon d’être et d’agir à l’égard des élèves.

Mais en fait, les méthodes et les courants pédagogiques ne sont que des formes idéelles, artificielles, théoriques. Les formes pures n’existent pas en tant que telles car elles sont métissées dans et par les pratiques. Les pratiques d’enseignement ou les pratiques enseignantes sont interactives (avec les pratiques d’apprentissage des élèves), contextualisées et contextualisantes et comme pourrait le dire Bataille, adopter une méthode est l’adapter.

De fait, la variable «méthode d’enseignement» est généralement considérée comme variable indépendante décrivant des pratiques de l’enseignant.e et explicatives des résultats des élèves. De nombreux protocoles de pédagogie expérimentale sont fondés sur l’idée même que chaque enseignant.e fait le choix initial d’une méthode qu’il/elle met ensuite fidèlement en œuvre. Ainsi, il deviendrait possible, après avoir identifié les différentes méthodes adoptées par plusieurs groupes d’enseignant.e.s, de comparer leurs effets sur la variable dépendante que sont les résultats des élèves.

Cette approche suppose que l’enseignant.e procède toujours de façon méthodique selon une cohérence d’ensemble, que la variable indépendante est stable dans le temps (fidélité aux choix initiaux sans emprunts à d’autres méthodes), que la méthode produit les mêmes effets quels que soient les publics et les contextes, que l’enseignant.e procède toujours de la même manière. Cette cohérence et cette stabilité supposée font de la «méthode» un objet scientifique bien délimité (face à la galaxie des pratiques, gestes, activités…) qu’il pourrait être tentant de valoriser à un moment de notre histoire où la recherche tend à s’inscrire dans le courant d’une éducation basée sur la preuve - Evidence Based Education -  en quête d’efficacité.

Malheureusement, une telle représentation ne résiste pourtant pas à plusieurs observations. Par exemple, la variabilité des pratiques d’un.e même enseignant.e sous des conditions différentes et dans des situations singulières, parfois marquées par des imprévus, est parfois plus importante que la variabilité inter-individuelle à conditions identiques. La même procédure d’enseignement ne produit pas les mêmes résultats chez tous les élèves.

Nous avions tweeté lors d’un précédent travail : Si la méthode génère des procédures, seule la démarche rend compte des processus. Est-ce bien le cas ? L’objet de ce symposium est de vérifier qu’il convient bien de rejeter la notion de «méthode» d’enseignement pour en adopter d’autres qu’il conviendra de définir et de justifier. Les notions de méthode, pratique, action, activité, démarche, geste, enseignement, pédagogie, didactique, formation, éducation… seront tout particulièrement travaillées dans une double perspective. Dans un premier temps des contributions s’attacheront à faire part de recherches récentes avec une partie empirique. Un second axe de travail sera constitué de travaux portant plus sur les dimensions réflexives ou socio-historiques de la problématique exposée ci-dessus.

 

 

 

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